Dmitri Bortnikov a été en résidence à la médiathèque jusqu'en janvier 2015.
Né à Samara en 1968 il est l’une des voix les plus talentueuses de la littérature russe contemporaine.
Le Syndrôme de Fritz a reçu le Booker Prize russe en 2002, ainsi que le Prix du best-seller national. Son deuxième roman, Svinobourg, a été salué par la critique.
En 1998, il s’installe à Paris. Il choisit alors d’écrire en français. Deux autres romans paraissent : Furioso et Le repas de mort.
Il a également traduit du slavon les lettres d’Ivan le Terrible, Je suis la paix en guerre.
Retrouvez des textes inédits de l'auteur, rédigés dans le cadre de sa résidence à L'Echo, sur le site du collectif Remue.net
Oeuvres
Bibliographie de Dmitri Bortnikov
Repas de morts (Allia, 2012)
Un homme redonne vie à ses morts. Père, mère, grands-parents, enfants, renaissent sous la plume acérée de l'auteur. Et ce, dans un monde de sang, de cadavres, d'ombre et de lumière. Des steppes de Russie aux bas-fonds parisiens, l'auteur nous invite à un bal des revenants, esprits réincarnés au gré de souvenirs épars, entremêlés…
Ivan "le Sévère" dit Ivan "le Terrible" persécute autant qu'il se sent persécuté, il tue autant qu'il se sent menacé, il prie autant qu'il se sent hors de la félicité, en dehors de l'innocence, lorsque les portes de la grâce se referment lentement, pour toujours. Il ira jusqu'au bout : "Celui qui juge sera jugé, celui qui persécute sera persécuté, celui qui cherche la paix trouvera la guerre."
Ce recueil se compose des lettres d'Ivan "le Sévère" nouvellement traduites depuis leur langue originale, le slavon. Cette traduction inédite, portée par l'écrivain Dimitri Bortnikov, nous dévoile toute la complexité et l'originalité de qui celui n'a pas été qu'un monstre.
Le Syndrôme de Fritz(Noir sur Blanc, 2010), traduction par Julie Bouvard.
Paris, rue des Thermopyles. Dans un squat d’émigrés, sur le lit défait d’une pièce glacée, un homme écrit à même son drap. Il convoque fébrilement sa mémoire pour recréer sa terre d’origine : la Russie. Cette invocation passe d’abord par le regard du jeune garçon sur une campagne dure, crue, intemporelle, faite de fantasmes et de déchirures. L’enfant obèse, protégé par son arrière-grand-mère aveugle, choisit la posture du bouffon pour affronter sa famille déjantée : un grand-père éternellement soûl, conteur hilare de fables morbides ; un père qui le hait et qu’il cherchera à étouffer de toute sa graisse lors d’une bagarre… C’est ensuite l’épreuve de l’armée, au fin fond de l’Arctique, un nouveau corps né des frustrations et de l’angoisse, et la découverte brutale d’un monde exclusivement masculin. C’est aussi une langue, âpre, dense, charnelle, où la dérision et l’humour s’unissent au désespoir.
Furioso évoque divers moments cruciaux dans la vie d’une jeune femme nommée Dagmar.
À la suite de la perte d’un enfant à la naissance elle sombre dans la folie. Le texte met en lumière cette folie qui était déjà au cœur de l’existence de cette femme.
Ce poème est l’aboutissement d’un travail sur la langue. C’est la création d’un univers poétique abolissant les rapports de cause à effet. Ici le langage est en perpétuelle invention et se fixe pour but d’empêcher le discours de naître. Ainsi, l’auteur colonise, voire parasite la langue française, déstabilisant le lecteur/locuteur français par un langage affranchi du lieu commun. L’aspect singulier de ce texte réside également dans le fait que l’auteur a déjà publié trois romans en langue russe, salués par la critique. Dmitri Bortnikov a pris la langue française à bras-le-corps pour écrire un texte poétique totalement débridé.
Svinobourg(Le Seuil, 2005), traduction par Bernard Kreize.
Dans une petite ville perdue comme une porcherie au milieu de la steppe d'une Russie à la fois imaginaire et terriblement ancrée dans la fange du réel, un garçon cherche à exister, immergé dans sa graisse, face au monde malsain des adultes incapables de le comprendre. Ce souvenir d'une enfance douloureuse et solitaire, extravagante aussi, est celui d'un ancien légionnaire enfermé entre les quatre murs d'une prison, peut-être d'un hôpital psychiatrique. Fresque étonnante dans laquelle se mêlent voyous et médecins admirables. Face à cette impossibilité d'être, dans la boue et les ordures du quotidien, le garçon est fasciné par la beauté de la mort, par ces vieilles acariâtres qui se succèdent dans la tombe, par le jeu à la mort qui va jusqu'au bord du suicide. Comment manifester son humanité dans cet univers morbide ? Peu à peu, grâce à la richesse de son monde intérieur, le narrateur trouve son chemin vers la vie.